2023. Le projet ESTIMIA, porté par Cyril Jayet, obtient le soutien de l’Institut des Sciences du Calcul et des Données (ISCD) de Sorbonne Université
Le projet ESTIMIA – expliquer les variations spatiales et temporelles de la mobilité sociale intergénérationnelle : une approche interdisciplinaire – associe les compétences de quatre disciplines – sociologie, géographie, statistique et physique – pour analyser la mobilité sociale intergénérationnelle, c’est-à-dire la relation entre la position sociale des parents et celle de leurs enfants. L’équipe réunie par le projet travaillera sur les Enquêtes emplois réalisées par l’INSEE, les Déclarations Annuelles de Données Sociales (DADS) et l’Echantillon Démographique Permanent (EDP), ce qui permettra d’analyser les trajectoires de plusieurs millions d’individus. Le projet a deux objectifs complémentaires : (1) expliquer le rôle joué par les facteurs géographiques, économiques et sociologiques dans les variations temporelles et spatiales de la mobilité sociale au moyen de modèles formels théoriques; (2) tester statistiquement ces modèles en évaluant les poids respectifs de ces différents facteurs dans l’évolution des inégalités spatiales de mobilité sociale en France depuis la seconde guerre mondiale.
L’équipe du projet comprend neuf membres. Les membres du Gemass participant au projet sont Cyril Jayet (porteur du projet), Floriana Gargiulo et Louis-André Vallet. Lucas Sage, Docteur du laboratoire participe également au projet.
Séminaire sur la mobilité sociale
vendredi 2 juin 2023
Invitée : Marta Veljkovic présente sa thèse (soutenue en 2022 et dirigée par Louis-André VALLET)
Titre : Mobilité sociale en cours de carrière et trajectoires de classe : une contribution à l’étude de la stratification sociale en France entre 1970 et 2015
Résumé : Porteuses des mécanismes de cumul et de compensation des (dés)avantages initiaux, les carrières professionnelles dans les sociétés contemporaines sont à la fois le produit et un des mécanismes de la stratification sociale. Dans la présente thèse, l’analyse de la mobilité sociale en cours de carrière permet de s’intéresser à l’évolution des inégalités de classe et de genre à l’aune des grandes transformations de la structure sociale, du marché du travail et des caractéristiques de la population active en France au cours du demi-siècle passé. À partir des enquêtes Formation-Qualification Professionnelle (lnsee, 1970 ; 1977 ; 1985 ; 1993 ; 2003 ; 2014- 2015), la dynamique de la mobilité depuis le premier emploi et à cinq ans d’intervalle est observée selon les périodes et au fil des générations. À l’aide de l’enquête Histoire de vie (Insee, 2003), l’analyse de la structure de la mobilité est complétée par une reconstruction annuelle des trajectoires de classe. Les ressorts sociaux de la mobilité sont étudiés en analysant l’origine sociale des individus et leurs parcours conjugaux et parentaux. Les résultats mettent en évidence une évolution lente mais continue des flux de mobilité intragénérationnelle, évolution qui va au-delà de celle qui aurait été produite par le seul changement de la structure sociale au fil du temps. Toutefois, la hausse de l’ampleur de la fluidité de carrière ne s’étant pas accompagnée d’une modification majeure du degré de proximité et de distance entre les différentes classes sociales, les analyses suggèrent un changement seulement partiel du régime de carrière en France, avec une évolution des flux mais un maintien des barrières à la mobilité.
mercredi 26 avril 2023
Invité : l’économiste Stéphane Benveniste
Titre : Tel Père, tel Enfant : Reproduction Sociale dans les Grandes Écoles Françaises au 20ᵉSiècle
Résumé : Si la majorité des travaux scientifiques conclut que la massification scolaire opérée au 20ᵉ siècle dans les pays développés a amélioré la mobilité intergénérationnelle, d’autres objectent que le sommet de la hiérarchie sociale demeure favorisé sur plusieurs générations.
En France, les grandes écoles constituent la voie d’accès privilégiée aux postes à haute responsabilité dans les secteurs public et privé. Cette étude est la première à produire des résultats sur la reproduction sociale dans les grandes écoles à travers plus d’un siècle. À cette fin, une base de données nominative rassemble 224 264 diplômés de dix grandes écoles parmi les plus prestigieuses, pour des cohortes nées entre 1866 et 1995 et trois caractéristiques principales sont étudiées grâce aux patronymes.
Les familles de descendance aristocratique, les individus nés à Paris et les descendants des diplômés sont fortement surreprésentés dans ces grandes écoles tout au long du 20ᵉ siècle. Les enfants des diplômés des grandes écoles ont 72 à 154 fois plus de chances d’y être à leur tour admis. Cet avantage est stable pour l’ensemble des cohortes nées depuis 1916, et persiste sur plusieurs générations, dévoilant ainsi un « plancher de verre » multigénérationnel pour les élites françaises.