Le GEMASS a appris avec tristesse le décès survenu le 12 septembre 2020 de l’un de ses membres, Didier Lapeyronnie, professeur au département de sociologie de Sorbonne Université depuis 2007.

Alain Tallon, Doyen de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université adresse le message suivant :

Chères et chers collègues,

Didier Lapeyronnie, Professeur de Sociologie dans notre Université depuis 2007, nous a quittés le samedi 12 septembre 2020 après un âpre combat contre la maladie.
Il aimait peu l’esprit de sérieux, son regard amusé et son esprit mordant n’auraient pas épargné les hommages grandiloquents.

Factuellement, Didier Lapeyronnie était l’un des grands sociologues français de notre temps, spécialiste reconnu de sociologie urbaine, parmi d’autres sujets, tant sa curiosité intellectuelle et sociale était grande. Après des études à l’IEP de Bordeaux et en sociologie à l’Université de Bordeaux, il a soutenu sa thèse sur la CGT à Bordeaux sous la direction de François Chazel.

Au début des années 1980, il a rejoint le CADIS et Alain Touraine tout en travaillant sur les politiques urbaines. Il est entré au CNRS comme chargé de recherches, puis est devenu l’un des plus jeunes Professeurs de Sociologie de France, d’abord à Bordeaux, puis à l’Université Paris 4, désormais Faculté des Lettres de Sorbonne Université.

Ses nombreux ouvrages et articles ont permis d’enrichir notre connaissance sur les politiques de la jeunesse, les mondes étudiants, mais aussi la fin du communisme en Roumanie, la comparaison entre la France et la Grande Bretagne, et plus récemment sur les ghettos urbains, l’ennui ou encore les inégalités de genre et les mobilisations de femmes dans les quartiers populaires.

Didier Lapeyronnie était également et surtout un homme et un collègue délicieux, d’une finesse et d’une puissance intellectuelles rares, d’une modestie remarquable, à l’humour et à la gentillesse loués par toutes celles et tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Ses étudiantes et ses étudiants, ses collègues administratifs et enseignants garderont en tête cette image d’un homme bon, drôle, généreux, dont chaque mot, doux et puissant, révélait les qualités humaines et un regard original sur le monde. Passionné par les questions sociales et politiques, profondément attaché à l’idée de justice sociale, son avis était toujours intéressant à entendre, bousculant souvent les évidences et les idées reçues.

Pour remercier de tel ou tel service, pour les fêtes, ou par pure gratuité, il était coutumier d’offrir des petits cadeaux, souvent à boire ou à manger, à l’égard des personnes qui font tenir notre monde universitaire sans recevoir toujours la reconnaissance et la gratitude qu’ils et elles méritent. Ces gestes, jamais communiqués, jamais vantés, pourraient donner une idée assez juste de celui qu’il était à celles et ceux qui ne le connaissaient pas.

La Faculté des Lettres adresse à sa famille et à ses proches, ainsi qu’à tous les collègues, étudiantes et étudiants qui ont travaillé avec lui, ses condoléances les plus attristées.

Alain Tallon,
Doyen de la Faculté des Lettres

A lire dans Le Monde du 14 septembre 2020 : « Le sociologue Didier Lapeyronnie est mort », par François Dubet

A lire dans Libération du 15 septembre 2020 : « Mort de Didier Lapeyronnie, sociologue des marges », par Manuel Boucher

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