Jean-Paul CALLEDE, Sociologie des jeux, des sports et de l’éducation physique. L’apport des Classiques français (1890-1939), Pessac, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, 2010 (398 p.)., , 2010
Les sociologues classiques français n’ont jamais ignoré les questions relatives aux jeux, aux sports et à l’éducation physique.
Au cours des années 1890-1914, un clivage assez net se précise. Dans le prolongement des premières approches d’Alfred Espinas, des sociologues appartenant à l’Institut international de Sociologie fondé par René Worms (en particulier Gaston Richard et Guillaume-L. Duprat) proposent des analyses qui méritent l’attention. Les sociologues liés à Durkheim et à la publication de L’Année sociologique (Bouglé, Maître, Mauss, Henri Hubert, en particulier) examinent la place des jeux, de type rituel pour l’essentiel, et des techniques du corps telles qu’elles sont traitées par les anthropologues. Durkheim envisage surtout l’éducation physique, replacée au sein de l’éducation de l’enfant ; un point souligné par Paul Fauconnet. D’autres auteurs encore (Charles Lalo, Jules Delvaille) présentent des éclairages intéressants, bien oubliés aujourd’hui.
Pendant les années 1920-1930, l’enracinement de diverses approches dans une conception philosophique du « jeu », visiblement inspirée par une lecture quelque peu réductrice du criticisme kantien, a pour effet de contraindre certaines de ces études alors que très tôt le « sociologue » Jean-Marie Guyau et un peu plus tard Ch. Lalo avaient ébauché des méthodes pour étudier les jeux et les sports. En revanche, quelques universitaires proposent une analyse des jeux récréatifs, des sports et des loisirs qui s’accorde mieux avec le changement culturel observable durant l’entre-deux-guerres. Tout en assumant l’héritage durkheimien, Maurice Halbwachs ouvre des perspectives novatrices. À la même époque, Richard, Duprat, mais aussi René Maunier, René Hubert et Henri Gouhier, voire même Émile Lasbax ou Oscar Auriac abordent les pratiques physiques et sportives sous l’angle de la science sociale. Toutes ces publications méritaient d’être tirées de l’oubli.
Ces auteurs, pour la plupart d’entre eux philosophes de formation – et de profession – ont contribué à explorer un vaste domaine, sous l’angle de la sociologie naissante et encore balbutiante.