Michel DUBOIS, Catherine GUASPARE-CARTRON, "From Cellular Memory to the Memory of Trauma: Social epigenetics and its public circulation", Social science information, 2020, 144-183

Résumé

Si le traumatisme est associé tant à l’apparition de l’accident comme entité sociale et juridique qu’au développement successif de la chirurgie, de la psychiatrie comme de la psychanalyse, il est aujourd’hui redéfini par l’épigénétique comme une forme extrême d’adversité sociale. En raison du caractère exceptionnel des évènements étudiés mais également de la portée sociale et politique de ses résultats, l’épigénétique sociale des traumas historiques connaît un succès public indéniable. Cet article propose de restituer la dynamique générale de ce front de recherche mais également les formes et conséquences de sa circulation publique. Il souligne la spécificité des modes de circulation de l’épigénétique sociale comme la richesse de ses usages sociaux et politiques. Quatre registres d’action sont particulièrement étudiés : attester, réparer, intervenir et soigner. La circulation au sein de la société de l’épigénétique du traumatisme est tout autant influencée par la volonté du public de la voir comme socialement et politiquement pertinente que par la capacité des chercheurs à préparer cette appropriation collective à travers différentes formes d’engagement public. L’étude conduite est par ailleurs l’occasion de réfuter la conception dichotomique des rapports entre génétique et épigénétique sur laquelle s’est construite l’acceptabilité académique de l’épigénétique dans les sciences sociales.

Abstract.

Trauma is associated with the appearance of the concept of ‘accident’ as a social and legal entity, as well as with the successive discoveries of surgery, psychiatrics, and psychoanalysis. Today, epigenetics has redefined trauma as an extreme form of social adversity. Because of the exceptional nature of the events studied and also the social and political significance of its results, the social epigenetics of historical trauma has received undeniable public success. The present article investigates the general dynamics of this research front, as well as the forms and consequences of its public circulation. We highlight the specificity of the circulation modes associated with social epigenetics and the myriad ways it has been used socially and politically. This study addresses four registers of action in particular: to attest, to repair, to intervene, and to treat. The social circulation of the epigenetics of trauma is as influenced by the public’s willingness to see it as socially and politically relevant as it is by the ability of researchers to prepare this collective appropriation through different forms of public engagement. Finally this study allows us to refute the dichotomic conception of the genetics/epigenetics relationship, which is too frequently the foundation for making epigenetics academically acceptable in the social sciences.

 

 

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