Séminaire scientifique du GEMASS 2024-2025

organisé par Floriana GARGIULO, Sofiane MAZIERES et Marta VELJKOVIC à la Maison de la Recherche (28, rue Serpente, 75006) et en hybride sur Zoom

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31 janvier 2025, 10h-11h30, Amphithéâtre Molinié

Paola TUBARO, Économiste de formation, puis sociologue, Directrice de recherche CNRS & membre du CREST

La double empreinte de l’intelligence artificielle : impacts environnementaux et sociaux à travers la planète

Le concept de « double empreinte » constitue un outil heuristique pour analyser les impacts globaux de l’intelligence artificielle (IA) sur les environnements naturel et social, essentiels à sa production et son utilisation. Deux études de cas mettent en lumière les flux internationaux de matières premières et de travail de données, révélant une industrie structurée autour de pays leaders et suiveurs, reflétant les dynamiques héritées de précédentes vagues de mondialisation. Les pays leaders, grands demandeurs d’intrants, dépendent d’importations provenant des pays suiveurs, et transfèrent sur ces derniers les coûts environnementaux et sociaux via des chaînes d’approvisionnement globales. Ces pressions, concentrées dans les pays suiveurs, restent largement invisibles aux décideurs situés dans les pays leaders. L’inaction qui en résulte favorise des pratiques non durables, freine l’ascension des pays suiveurs et perpétue les inégalités mondiales.

 

 14 mars 2025, 10h-11h30, Salle D223

Maud GELLY, Sociologue, CRESPPA-CSU et Directrice médicale du centre d’IVG, hôpital Avicenne, APHP

Les politiques du tri. D’une épidémie à l’autre (sida, covid)
ouvrage paru aux éditions du Croquant

Les politiques publiques jouent un rôle majeur dans la distribution des biens de santé, et dans leur attribution sélective à certains groupes sociaux. Saisir la production des inégalités sociales face à la maladie et la mort, chercher à comprendre comment certains agents sociaux s’approprient des biens qui ont des effets favorables sur la santé, comment d’autres en sont privés, et identifier les propriétés sociales de ces agents, implique ainsi d’analyser les politiques qui conditionnent cette appropriation. En articulant deux enquêtes sur le dépistage du VIH et dans un hôpital public du Grand-Est pendant l’épidémie de covid, ce livre montre comment les politiques publiques objectivent, occultent, reproduisent et amplifient les inégalités sociales en matière de santé. Ces enquêtes explorent différents niveaux de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques publiques dans le champ de la santé, et mettent en évidence les formes de ciblage et de tri qui les orientent.

 

28 mars 2025, 10h-11h30, Salle D040

Marie BERGSTRÖM, Sociologue, chargée de recherche à l’Ined

Présentation du dispositif d’enquête ENVIE

L’enquête Envie, pour Enquête sur la vie affective des jeunes adultes (Ined, 2023), est la première enquête en France spécifiquement consacrée à la sexualité des jeunes adultes (18-29 ans). L’originalité réside dans son approche relationnelle qui renouvelle la manière d’interroger la sexualité et permet de saisir la diversité contemporaine des liens intimes. La communication reviendra sur cette approche et son opérationnalisation empirique, et présentera les principaux résultats de l’enquête.

 

11 avril 2025, 10h-11h30, Amphithéâtre Molinié

Nicolas DUVOUX, Sociologue, professeur des universités à Paris 8, membre du CRESPPA

L’avenir confisqué. Inégalités de temps vécu, classes sociales et patrimoine
ouvrage paru aux PUF

Croisant réflexion spéculative et enquêtes sur le bas, le milieu et le haut de la société, Nicolas Duvoux montre comment le sentiment de l’avenir constitue un indicateur précieux, et irremplaçable, de la position sociale. La capacité subjective à se projeter positivement dans l’avenir constitue une clé de lecture de la société au double sens où elle permet de décrire la hiérarchie sociale mais aussi de rendre compte des relations inégalitaires qui s’y nouent et de leur reproduction. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne face à la crise de l’avenir. Les plus dotés sont aussi les mieux à même de maîtriser l’avenir, individuel et collectif, ce qui entraîne anxiété et peur du déclassement au sein des classes moyennes, dépossession et insécurité radicale en bas de l’échelle sociale.
Sans renier la recherche d’objectivité scientifique mais au contraire en en raffinant les instruments, Nicolas Duvoux démontre comment la subjectivité peut servir de révélateur aux inégalités, notamment de classe sociale. Il fait ressortir l’importance du patrimoine économique à partir de la sécurité que sa possession procure – et de l’insécurité sociale endémique dans laquelle son absence plonge.
Prenant appui sur des travaux en philosophie, en psychologie ou en épidémiologie, il déploie une manière d’appréhender le monde social qui articule, sans les opposer, le présent, le passé mais aussi l’avenir tel que l’on se le projette, l’objectif et le subjectif, l’individuel et le collectif. Ce livre porte ainsi un regard sociologique sur le monde qui restitue l’épaisseur vécue de l’existence pour mieux penser les asymétries et formes de domination sociale, et il vise par là à réintégrer la sociologie dans un projet scientifique plus global.

 

23 mai 2025, 10h-11h30, Amphithéâtre Molinié

Marie-Clémence LE PAPE, Sociologue, maîtresse de conférences à l’ Université Lumière Lyon 2, membre du Centre Max Weber
Élise TENRET, Sociologue, maîtresse de conférences à l’Université Paris Dauphine-PSL, membre de l’IRISSO

Passage à l’âge adulte et financement par la famille : de l’apport d’une enquête par méthodes mixtes

Cette présentation prend appui sur une recherche menée auprès de parents de jeunes adultes, et mobilise à la fois les données de l’enquête ENRJ (enquête nationale sur les ressources des jeunes adultes de la DREES, réalisée en 2014) et des entretiens réalisés dans le cadre d’une post enquête (réalisée en 2016-2017 auprès de 40 parents ayant participé à ENRJ). L’analyse de ces matériaux nous permet d’étudier la manière dont les parents comptent et justifient les aides matérielles et financières apportée à leurs enfants. Nous montrons l’existence d’une tension entre, d’une part, des pratiques d’aide hétérogènes, voire inégalitaires et, d’autre part, l’attachement des parents à une norme égalitaire. Le recours à la notion de « fiction égalitaire » permet de penser cette tension et de tenir ensemble l’analyse des pratiques (ce qui est distribué) et les règles qui organisent ces échanges, avec des variations selon les ressources économiques et le statut conjugal des parents. La fiction égalitaire en famille se construit, se déploie et est entretenue d’une part par une mise en scène de l’égalité lors de moments ritualisés qui renvoient en coulisse les pratiques inégalitaires, et d’autre part par un travail relationnel des parents pour susciter l’adhésion autour du script et des termes de la fiction. Nous analysons également les différences de déclaration des parents selon le mode d’enquête : l’ « euro du quali » apparaît ainsi distinct de l’ « euro du quanti » et la confrontation des deux déclarations apparaît particulièrement heuristique pour comprendre la circulation de l’argent dans la famille et sa justification.

 

20 juin 2025, 10h-11h30, Salle D223

Yoann DEMOLI, Sociologue, maître de conférences à l’Université de Lille, membre du Clersé

Sociologie de l’environnement
ouvrage co-écrit avec René LLORED paru aux éditions Armand Colin

Changement climatique, pollutions et dégradation de la biodiversité sont devenus les plus grandes menaces qui pèsent sur l’humanité, et constituent les défis parmi les plus décisifs que doivent relever les sociétés humaines. Si ces phénomènes impliquent des mécanismes biophysiques et géochimiques, ils sont la conséquence des activités humaines, des modes de production et des modes de consommation des sociétés. Face à ces changements qui interrogent la place de l’homme dans la nature, il est nécessaire de repenser conjointement les relations des hommes entre eux, des hommes aux autres vivants et des hommes aux biens matériels  : c’est justement l’enjeu de la sociologie de l’environnement que de proposer des analyses qui permettent d’éclairer l’ensemble de ces relations.
Riche d’une tradition interrogeant la modernité, la sociologie permet de mieux comprendre de nombreuses dimensions des problèmes environnementaux dans des sociétés où le partage des fruits de la croissance fait place au partage du fardeau écologique  : qu’ont à nous dire à leur sujet les sociologues classiques et contemporains  ? Comment les problèmes environnementaux se constituent-ils en enjeux sociaux  ? S’il n’y a qu’une terre, les sociologues ont montré que tous les hommes ne sont pas égaux face aux enjeux écologiques, dans la mesure où les inégalités face à l’environnement sont multiples, redoublant les autres formes d’inégalités sociales. La sociologie de l’environnement pose enfin des enjeux proprement politiques  : forte de sa connaissance des mouvements sociaux, la sociologie éclaire tant les processus de mise à l’agenda des problèmes environnements que la construction et les effets de l’action publique environnementale.

 

Le séminaire du GEMASS se déroule le vendredi, de 10h à 11h30, avec une fréquence mensuelle, dans les locaux de la Maison de la Recherche (28, rue Serpente, 75006) et en hybride sur Zoom.

La durée du séminaire est de 1h30 : 1h d’exposition par un·e intervenant·e externe et 30 minutes de questions du public.
La langue principale du séminaire est le français, mais les séances peuvent également se dérouler en anglais, en cas d’intervenant·es non francophones.

Le séminaire a pour vocation de devenir un rendez-vous d’une communauté large de chercheur·ses francophones en sciences sociales, indépendamment de leurs approches méthodologiques et de leurs domaines d’étude. La participation est ouverte au public. Les interventions seront donc structurées de manière à s’adresser à un auditoire large, qui n’est pas forcément expert du sujet traité. 

Les interventions sont organisées collectivement par les membres du GEMASS, dans l’esprit de représenter la diversité des approches théoriques et méthodologiques du laboratoire. 

Les présentations doivent porter sur des articles, ouvrages ou projets finalisés (qu’ils soient publiés ou non), plutôt que sur des travaux en cours.

 

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