Hommage à Daniel Derivry

Daniel Derivry nous a quittés le 31 décembre 2015 à l’âge de 80 ans. Il fut l’un des premiers chargés de recherche du CNRS à se joindre à Raymond Boudon lorsque, au tout début des années 1970, celui-ci quitta le Centre d’Etudes Sociologiques de la rue Cardinet pour fonder le GEMAS qu’abrita la Maison des Sciences de l’Homme durant plus de quatre décennies. Daniel resta fidèle à notre groupe de recherche et ne le quitta que pour prendre sa retraite.
Spécialiste de sociologie électorale, il publia très tôt, au début des années 1970, et de façon régulière, de nombreuses contributions qui portent sur l’analyse écologique, plus généralement sur la méthodologie de l’analyse des données électorales, le vote paysan ou le comportement électoral communiste. Ses articles parus dans la Revue Française de Science Politique, la Revue Française de Sociologie comme dans des ouvrages collectifs étaient fort lus et cités. Il participa en outre efficacement à plusieurs travaux collectifs du GEMAS, notamment au rapport sur la jeunesse et à l’enquête sur la perception des inégalités sociales en France.
Cependant, comme il lui plaisait souvent à dire, il avait une âme d’enseignant. Non seulement Daniel assura durant des décennies des enseignements, à l’Université Paris V notamment, mais en outre il contribua fréquemment à la diffusion du savoir par ses abondants articles dans plusieurs encyclopédies et dictionnaires, à l’Encyclopedia Universalis, aux dictionnaires Larousse, à ceux de sociologie, pour lesquels il rédigea plusieurs articles de méthodologie et de sociologie sans compter les notices biographiques de sociologues qu’il aida à entrer dans le cercle restreint du dictionnaire annuel Larousse.
On ne peut enfin oublier le dévouement de Daniel à la communauté et sa générosité aux causes les plus diverses. Il était de toutes les entreprises collectives que, prisonniers de nos projets personnels, nous évitions. Il fut ainsi la cheville ouvrière du plan de sécurité de la MSH et l’unique lien avec l’état-major des pompiers de Paris qui le consultait souvent.

Mohamed Cherkaoui